edition de l'ariane

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Voici un peintre abstrait privilégiant les formes se référant à l ‘esprit de la calligraphie, et tirant vers les encres noires, avec possibilité d’interventions colorées. Que ce soit en petit ou en grand format, la gestuelle reste ample, le noir structure une arène que l’esprit de la danse module sans cesse. Jean Miotte invente une architecture lyrique dont la couleur est le souffle et le passage.
Avec une pensée du signe zen, et l’éruption spontanée des formes, l’artiste se distingue foncièrement de ses aînés et de ses pairs occidentaux tels que Nicolas de Stael, Sam Francis, Jean-Paul Riopelle ou Joan Mitchell avec lesquels il expose. Mais il côtoiera également sur les cimaises les affichistes « coloristes » du Nouveau Réalisme comme François Dufrêne, Raymond Hains et Jacques Villeglé qui furenr et demeurent ses amis.
Toute son œuvre est une dynamique qui répond à la mobilité du désir impérieux de peindre, et à celle de la main. Des trouées de pigments bruts entament les couleurs plus sourdes, ou le lin vierge de la toile. Proche du poème est donc cette flambée de l’émotion remâchée, contenue et lancée à la frontalité dans une densité très composée. Une grande maîtrise du phrasé pictural est en acte, mais élaborée avec une audace et une liberté dont il est un des rares maîtres. C’est donc un art d’oxymore : celui de la rétention mûrie et du jet organisé par l’expérience mentale. Quelque chose comme une écriture exprime la puissance du projet, de sorte que même à l’état de petit format, on ait l’idée des grandes mécaniques qu’il domine avec maestria.
Sous la violence apparente des flux colorés, une architectonie fulgurante tient l’espression. Une musique tellurique frappe les esprits et les espaces et on comprend que ce Parisien ait choisi les lumières vives et contrastées du sud pour établir son atelier, malgré ses présences affirmées à New York et en Suisse où un musée et une fondation célèbrent sa peinture. C’est ainsi aussi qu’une œuvre de plus de 5 mètres, commandée par l’Opéra Bastille de Paris orne ce temple du chant.
La tentation du volume a donné lieu, au sein de son imaginaire, à quelques sculptures poussant toujours les lignes vers le haut.
Tita Reut


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